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Les effets des perturbateurs endocriniens sur la santé

Les perturbateurs endocriniens peuvent induire des problèmes de santé majeurs comme l’infertilité, un développement anormal du fœtus, la puberté précoce, des cancers, le diabète, l’obésité, des problèmes neurologiques, des troubles d’apprentissage et bien d’autres. Le système endocrinien peut être perturbé par les hormones de synthèse et certains produits chimiques.

De très nombreux composés chimiques peuvent prendre la place des hormones, avec des résultats divers et encore peu connus.

Les effets combinés et faibles doses
Il semble qu’à quantité égale, les perturbateurs endocriniens soient beaucoup moins efficaces que les hormones auxquelles ils se substituent. Cependant, comme ils proviennent de plusieurs sources et s’accumulent en quantités importantes dans l’organisme, ils pourraient avoir un effet cumulatif et perturber le fonctionnement normal des hormones.

Les faibles doses de polluants pourraient même être plus nocives que les grandes quantités. Les mécanismes exacts de cette réaction ne sont pas encore bien connus. On suppose qu’une dose de polluant proche de celle d’une hormone naturelle pourrait causer des effets indésirables, alors que l’organisme ne serait pas dupé par une dose importante, car il repérerait l’imposteur.

La santé humaine et les perturbateurs endocriniens


De nombreux problèmes ont été observés depuis deux décennies. Voici les plus importants.

- La diminution du nombre de naissances de garçons
Des cas canadiens, américains et néerlandais, notamment, montrent des changements dans les ratios des naissances hommes-femmes. Le plus spectaculaire est celui de la communauté des Premières Nations Aamjiwnaang, en Ontario. Cette communauté vit à proximité d’un immense complexe industriel. Les bébés garçons y représentaient toujours la moitié des naissances en 1993. Dix ans plus tard, 41 garçons venaient au monde pour 59 filles, soit une baisse de près de 20 %. Les perturbateurs endocriniens pourraient altérer le développement normal de l’embryon en modifiant l’environnement hormonal essentiel au développement des garçons.

- Les malformations génitales
Les perturbateurs endocriniens ont été liés à différentes malformations congénitales, notamment du pénis pendant la période fœtale, ainsi qu’à des problèmes d’ectopie testiculaire, c’est-à-dire de testicules qui ne parviennent pas à descendre dans le scrotum, problème pour lequel de plus en plus d’enfants doivent subir une chirurgie

- La puberté précoce
Le déclenchement anormal de la puberté, chez les adolescentes, peut aussi être le résultat de perturbations endocriniennes, notamment au cours de la période fœtale. On s’inquiète du fait que la puberté précoce ait été associée aux kystes ovariens, à l’obésité, au cancer du sein, à la dépression et à des comportements sociaux à risque.

- La baisse de la fertilité
Déjà en 1992, on constatait une diminution du nombre de spermatozoïdes chez de très nombreux jeunes hommes à travers le monde. Tout d’abord très contesté, ce fait est désormais bien documenté en Europe et en Amérique du Nord. Les collégiens américains, par exemple, présentent des quantités de sperme la moitié moindre que celles de leurs pères.

La qualité du sperme, qui se mesure notamment d’après le nombre, la mobilité et la vélocité des spermatozoïdes, diminue de manière importante. Les Canadiens ont connu une baisse considérable de la concentration de leur sperme entre 1984 et 1996. La présence dans l’environnement de composés chimiques mimant l’œstrogène pourrait l’expliquer.

Le cycle menstruel des femmes est minutieusement réglé par les hormones et toute perturbation peut être à l’origine des problèmes de fertilité, problèmes actuellement à la hausse, particulièrement chez les jeunes femmes de moins de 25 ans.

Le bisphénol A ne semble pas être étranger aux fausses couches, comme l’ont mis en évidence depuis 2003 des études montrant des fœtus avortés qui recelaient des taux élevés d’œstrogène et des anomalies génétiques.

- L’augmentation du nombre de certains cancers
Les taux de cancer de la prostate et des testicules chez les jeunes hommes sont aussi en hausse dans de nombreux pays occidentaux, y compris le Canada et les États-Unis. Le cancer des testicules est le cancer le plus fréquent chez les jeunes hommes de 25 à 34 ans et il a augmenté abruptement : il a doublé entre 1969 et 1996 en Amérique du Nord, mais aussi dans les pays européens.

Les cancers du sein ont augmenté de 40 % entre 1973 et 1998. En 2008, une femme sur huit était susceptible de subir un cancer du sein. Plus de 200 composés chimiques, incluant nombre de perturbateurs endocriniens, ont été associés à cette maladie, tout comme aux fibromes utérins et à l’endométriose.

- L’obésité
Avec une proportion toujours croissante de la population souffrant d’obésité, on questionne les modèles qui expliquent la progression de la maladie. La recherche sur les perturbateurs endocriniens établit un lien entre ces substances et la prise de poids.

Certains perturbateurs endocriniens, tels que le bisphénol A, l’hexachlorobenzène (un pesticide) et les BPC, pourraient être en partie responsables de l’épidémie d’obésité. Les études récentes montrent par exemple que le bisphénol A vient modifier des molécules qui régulent les gènes, reprogrammant certains d’entre eux.

En conséquence, les bébés exposés à ces perturbateurs endocriniens dans le ventre de leur mère auraient plus de risques de devenir obèses plus tard dans leur vie. De plus, le bisphénol A semble être lié à l’apparition du diabète de type 2 chez les adultes qui y sont exposés.

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© Lise Parent, 2009