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1.
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Introduction
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Comme il est
expliquée dans le texte
B7, les méthodes
employées pour déterminer
l'incertitude diffèrent selon que
celle-ci provient de la mauvaise
définition ou de
l'instabilité de l'objet
(incertitude
définitionnelle) ou de la
précision limitée du
processus de mesure (incertitude de
mesure).
Dans les deux cas, la
nature de ces méthodes permet de
distinguer deux types d'incertitude.
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Incertitude de type
A. Lorsque plusieurs mesures
individuelles successives dans les
mêmes conditions fournissent des
valeurs différentes,
réparties autour de la vraie valeur
de la caractéristique.
L'incertitude est alors obtenue par un
calcul statistique fondé sur ces
valeurs individuelles.
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Incertitude de type
B. Lorsque l'incertitude est
évaluée de toute autre
façon, de manière plus ou
moins subjective.
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2.
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Incertitude
associée à la
précision limitée du
processus de mesure
On suppose ici que la
caractéristique mesurée est
stable et bien définie, de sorte
que l'incertitude provient principalement
de la précision limitée du
processus de mesure. Deux cas de figure se
présentent.
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a)
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Mesure fournissant une
valeur unique (incertitude de type B)
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Dans ce cas, il s'agit
d'évaluer, au meilleur de notre
jugement et en nous fondant sur nos
connaissances tant de l'objet que du
processus de mesure, dans quel
éventail (entre des valeurs
minimale et maximale,
vmin et
vmax) on est à
peu près certain que se situe la
valeur de la caractéristique que
l'on mesure. Il s'agit certes d'une
procédure subjective.
L'incertitude est alors
définie comme la moitié de
la fourchette, et la valeur de la
caractéristique s'exprime comme
suit :
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valeur
centrale ± moitié de
l'éventail
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soit,
mathématiquement :
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1/2
(vmin +
vmax) ± 1/2 (vmax
− vmin)
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(B8.1)
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Ainsi, une expression telle
que 2,34 ± 0,02 cm
signifie qu'on est à peu
près certain que la quantité
que l'on mesure vaut entre 2,32 et
2,36 cm ou, autrement dit, qu'il est
fort peu probable qu'elle vaille
2,31 cm et moins, ou 2,37 cm et
plus.
Pour les mesures de type
analogique, c'est-à-dire celles qui
font intervenir la position d'un
repère sur une échelle
graduée, il n'existe pas de
règle universelle; il faut à
chaque fois se poser la question et y
répondre en fonction de ce qu'on
observe. On lit parfois dans des ouvrages
sur le sujet que l'incertitude est
égale à la moitié de
la plus petite division, mais
l'expérience montre que cela n'est
pas toujours le cas. Bien souvent, on peut
lire jusqu'au quart de la plus petite
division, ou même plus
précisément encore, alors
que dans des dans conditions d'utilisation
adverses, il se peut qu'on ne puisse
même pas atteindre la
précision de la plus petite
division.
La situation est
différente pour les affichages
numériques, où il est vrai
que la moitié de l'unité la
plus petite (ou la résolution) de
l'appareil, constitue une estimation
raisonnable de l'incertitude. Par exemple,
une valeur de 5,34 V (volts)
affichée de manière stable,
donc une résolution de 0,01 V,
peut être interprétée
comme se situant entre 5,335 V et
5,345 V, ce qui s'écrit
5,34 ± 0,005 V.
Le mode d'emploi d'un
appareil qui affiche des valeurs, que ce
soit de façon numérique ou
par un dispositif analogique (aiguille ou
autre), indique généralement
la précision qu'il procure. Cette
précision est parfois donnée
en pourcentage, ou une combinaison d'une
constante et d'un pourcentage, et peut
varier selon la plage de valeurs
considérée.
Ainsi, l'incertitude sera
donnée par la plus grande des
valeurs suivantes :
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la valeur estimée
comme décrit ci-dessus (en
général, la moitié de
la résolution de l'appareil);
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la précision
indiquée dans le mode d'emploi de
l'appareil.
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Note
Comme les incertitudes
ainsi obtenues sont des estimations
« à vue de
nez », elles ne sont
habituellement exprimées qu'avec un
seul chiffre significatif. On peut
cependant employer les formes
± 0,15 et ± 0,25,
qu'on peut considérer comme
possédant en quelque sorte un
chiffre significatif et demi. Cependant,
des valeurs comme ± 0,125 ou
± 0,35 seront de
préférence arrondies
à un seul chiffre significatif,
soit ± 0,1 et ± 0,4,
respectivement.
Cependant, lorsque
l'incertitude provient d'un calcul
(écart-type, notamment)
fondé sur un grand nombre de
mesures, on peut afficher sa valeur avec
deux chiffres significatifs. Ainsi,
l'incertitude sur les valeurs des
constantes fondamentales (voir, par
exemple, Taylor
et Mohr), mesurées à
l'aide de méthodes
sophistiquées, comprend souvent
deux chiffres significatifs. Notez que
cette valeur est parfois indiquée
entre parenthèses au lieu
d'être précédée
du symbole ±.
Pour des explications et
des consignes sur les chiffres
significatifs et l'arrondissement des
nombres, consultez le document
suivant (dans une nouvelle
fenêtre).
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Cas particulier : mesure
en bloc d'un groupe d'objets
identiques
Lorsqu'on a de très
bonnes raisons de croire que la valeur
d'une caractéristique d'un objet
fabriqué en série, ou encore
d'un phénomène
répétitif, varie très
peu d'un spécimen ou d'une
occurrence à l'autre (en
comparaison de la précision du
processus de mesure), on peut
réduire l'incertitude
estimée en mesurant en bloc un
certain nombre de spécimens.
L'incertitude sur la valeur
obtenue (qui est la valeur totale
mesurée divisée par le
nombre de spécimens) est alors
divisée par ce même nombre.
Autrement dit, avec une règle
affectée d'une incertitude de 0,5
mm, on obtient une incertitude de 0,05 mm
si on mesure 10 objets en bloc, en les
mettant bout à bout, si l'on
suppose bien sûr que leurs
dimensions varient beaucoup moins que 0,05
mm d'un spécimen à
l'autre.
Cette méthode a donc
une limite : si on accroît le nombre
de spécimens, l'incertitude
diminuera au point de devenir comparable
à la variation de la valeur d'un
spécimen à l'autre. Un
appareil plus précis et des
méthodes statistiques (voir plus
loin) doivent alors être
employés pour effectuer des mesures
individuelles et en tirer la
véritable valeur de l'incertitude,
qui traduira (par un intervalle de
confiance à 95 %) cette variation
entre les spécimens.
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b)
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Mesure combinant une
série de mesures individuelles
(type A)
On a vu dans le texte
B7 que lorsque la valeur d'une
caractéristique est obtenue
à partir d'un très grand
nombre de mesures individuelles, la vraie
valeur (valeur centrale) est la moyenne de
ces mesures. Plus le nombre de mesures est
élevé, plus la moyenne tend
à se rapprocher de cette valeur
(voir, dans une nouvelle fenêtre, la
figure 5
du texte B7).
Selon les lois de la
statistique, pour que la fourchette
d'incertitude ait une probabilité
de 95 % de comprendre la vraie
valeur, l'incertitude doit être
prise comme le double de
l'écart-type de l'ensemble des
valeurs, divisé par la racine
carrée du nombre de
mesures.
Le résultat de
l'opération de mesure peut donc
s'exprimer comme suit :
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(B8.2)
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On constate que si on
augmente le nombre de mesures,
l'incertitude diminue. Toutefois, celle-ci
ne peut être inférieure
à la résolution de
l'appareil de mesure.
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3.
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Incertitude
associée à la mauvaise
définition ou à
l'instabilité de l'objet
mesuré (incertitude
définitionnelle)
On suppose ici que le
processus de mesure est d'une grande
précision, et que l'incertitude
provient principalement de la mauvaise
définition ou de
l'instabilité de l'objet. Deux cas
de figure se présentent.
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a)
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Mesures exhaustives
(incertitude de type B)
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Cela correspond aux deux
situations suivantes :
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on a mesuré
uniquement les valeurs extrêmes
possibles, en excluant
éventuellement les valeurs
aberrantes;
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les valeurs possibles sont
en nombre restreint (moins d'une dizaine)
et ont toutes été
mesurées.
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On définit
simplement la valeur et son incertitude de
manière à couvrir
l'éventail complet de ces valeurs.
Ainsi, la valeur est la moyenne des
mesures extrêmes
(vmin et
vmax) et l'incertitude
la moitié de l'écart entre
ces extrêmes, comme dans la formule
B8.1 :
1/2
(vmin +
vmax) ± 1/2 (vmax
− vmin)
Note. L'incertitude
est de type B même si dans la
seconde situation on disposait d'un
ensemble de mesures individuelles, car on
ne les a pas utilisées pour
calculer les caractéristiques de la
distribution des valeurs possibles. On a
plutôt supposé a priori que
toutes les valeurs étaient
également probables (distribution
uniforme).
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b)
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Mesures formant un
échantillon des valeurs possibles
(incertitude de type A)
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Les valeurs obtenues
forment un échantillon des
valeurs possibles de la
caractéristique mesurée,
valeurs très nombreuses dont
l'étendue de l'éventail est
inconnue.
Comme en
2b, la moyenne des valeurs
mesurées donne une très
bonne idée de la vraie valeur,
celle-ci étant définie comme
la moyenne d'un nombre infini de mesures.
Plus le nombre de mesures est
élevé, plus cette moyenne
tend à se rapprocher de la vraie
valeur.
De son côté,
l'écart-type de l'ensemble des
valeurs fournit une bonne idée de
l'éventail des valeurs possibles.
Pour que la fourchette formée par
l'incertitude corresponde à environ
95 % de cet éventail
(intervalle de confiance à
95 %), l'incertitude doit être
prise comme le double de
l'écart-type de l'ensemble des
valeurs.
Dès qu'on dispose
d'un certain nombre de mesures
individuelles (environ 10~15), il devient
peu utile d'en accumuler davantage. La
moyenne des valeurs est alors suffisamment
proche de la vraie valeur, et
l'incertitude ne changerait plus de
manière notable si on augmentait le
nombre de mesures.
Le résultat de la
mesure s'exprime alors comme suit :
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moyenne ± 2 × écart-type
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(B8.3)
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Note. Il se peut que
l'obtention d'un très grand nombre
de mesures révèle que la
distribution des valeurs est telle que la
formule B8.3 ne correspond plus à
un intervalle de confiance à
95 %. L'étude de ces
situations fait cependant appel à
des notions avancées de
statistiques. La distribution donnant lieu
à la formule B8.3 (distribution
normale) est cependant celle qui survient
le plus souvent.
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Le tableau
suivant présente, dans une
nouvelle fenêtre, une
synthèse des explications du
texte B7
et du présent texte.
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4.
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Exemple
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En guise d'illustration,
supposons que 20 mesures
individuelles de tension
électrique, à l'aide d'un
voltmètre dont la résolution
est 0,02 V, donnent une moyenne de
12,336 V avec un écart-type de
0,172 V. La valeur T de la
tension résultant de cet ensemble
de mesures sera alors donnée, avec
un intervalle de confiance de 95 %,
par (remarquez la manière dont
les valeurs ont été
arrondies) :
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T = 12,34 ± 0,08 V,
si on a de bonnes raisons de croire que le
voltage était très stable,
mais que c'est le manque de
fidélité de l'appareil qui
causait les différences d'une
mesure à l'autre. Dans ce cas, on
emploie B8.2 :
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en vérifiant que
cette valeur est beaucoup plus grande que
la moitié de la résolution
de l'appareil (0,01 V).
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T =
12,3 ± 0,3 V, si l'on
sait que l'appareil est d'une bonne
précision, et donc que les diverses
valeurs mesurées correspondaient
à des fluctuations dans le voltage
lui-même. Dans ce cas, c'est
plutôt B8.3 qui
s'applique :
ΔT =
2 ×
0,172 = 0,344 ≈ 0,3
V
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Notons que dans les deux
cas il s'agit d'une incertitude de type
A.
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